Pays-Bas, tant bien que mal
Avant le tirage au sort dimanche prochain de la phase finale de l'Euro 2008 en Suisse et en Autriche, http://eurofoot.forumotion.com/ poursuit sa série sur les équipes qualifiées. Zoom sur les Oranje, deuxième de groupe guère brillant.
Le joueur star : Robin Van Persie
A 24 ans, Van Persie s'est frayé un chemin dans la hiérarchie affolante des attaquants hollandais. Bergkamp, Hasselbaink, Van Nistelrooy, Venegoor, Van der Vaart, Sneijder, Huntelaar, Kuyt, les Bataves de devant jouent des coudes depuis une décennie, mais Van Persie s'adapte. 9 buts en seulement 21 sélections, l'enfant de Rotterdam a conservé son visage juvénile mais tablé sur des réalisations prolifiques, comme en attestent son bilan comptable avec Arsenal. 5 buts en 26 matchs il y a trois ans lorsque Wenger l'arrache au Feyenoord, 6 buts en 24 matchs l'année d'après, 11 en 22 l'an dernier, et 5 réalisations en seulement 7 rencontres pour la saison en cours. Van Persie n'est pas un attaquant pur, c'est un ailier gaucher, voire neuf et demi, à la frappe dévastatrice et aux chevauchées déroutantes. Fer de lance avec Fabregas des jeunes loups d'Arsenal, il est malheureusement sujet à des blessures chroniques (métatarse, cheville, genou) qui freinent une progression déjà exponentielle. Vainqueur de la coupe UEFA, buteur régulier en Ligue des champions, Van Persie, l'Oranje haut perché, «techniquement parfait» selon les dires d'Arsène, est une donnée non paramétrable de la variable Pays-Bas.
Le sélectionneur : Marco Van Basten
On dit de lui qu'il savait tout faire. Joueur à l'élégance exquise, Van Basten a marqué le football de son empreinte. Vite comparé à Cruyff, triple Ballon d'Or France Football (1988, 1989, 1992), auteur de 301 buts, Van Basten possède un palmarès si gigantesque avec l'Ajax et le Milan qu'il serait trop long à disséquer. On retiendra de l'artiste sa reprise de volée dans un angle impossible en finale de l'Euro 88. L'homme d'Utrecht au maillot orange écaillé noyait nos yeux écarquillés. Mais la cheville, celle par qui le pied s'étire et fléchit, ne tint pas, et le grand Marco s'éclipsa. Depuis juillet 2004, le grand joueur se transforme difficilement en grand entraîneur. Persuadé de pouvoir faire sans Seedorf et Makaay, il a obstinément rajeuni sa sélection, conforté par le succès de la dernière génération Espoirs (Drenthe, Maduro, Babel). Si les ailiers ont conservé leur pouvoir de nuisance, l'équipe pâtit toujours d'une arrière-garde fébrile. La presse réclame du jeu, le public siffle son équipe, doublée par la Roumanie et qualifiée sans panache. Mis à mal par son Mondial manqué, Van Basten apprend la dure loi des bancs. Foppe de Haan, l'entraîneur champagne des Espoirs champions d'Europe, est plébiscité. Mais Van Basten sait quoi faire pour redevenir une idole.
Le fait d'armes à l'Euro : 1988
25 juin 1988. C'est la grande date du football hollandais. Aussi surprenant que cela soit, les Pays-Bas n'ont remporté qu'une seule grande compétition, échouant deux fois en finale et deux fois en demi-finale de la Coupe du Monde. C'est la génération Koeman-Gullit-Rijkaard-Van Basten qui a eu l'honneur de soulever le premier trophée, continental. L'ancien mentor de l'Ajax, Rinus Michels, surnommé « le Général », a mené ses troupes vers la victoire, bien aidé par un Van Basten étincelant, meilleur buteur de la compétition (5 buts en autant de matches) et auteur d'un triplé en poules contre l'Angleterre d'Hoddle et Lineker. L'exploit des Pays-Bas réside dans l'élimination en demi-finale de la RFA, pourtant à domicile, grâce à un but in extremis d'un certain MVB. Lequel figera le temps contre l'URSS en finale, de cette volée à la trajectoire extraterrestre. Van Basten est de retour sur la scène continentale, de l'autre côté du miroir. L'heure orange, vingt ans après ?